Bernard Cazeneuve aux Matins de JEM

12 avril 2022

Sous l’égide du Fonds de Dotation de Judaïsme En Mouvement, les Matins de JEM ont tenu leur premier petit déjeuner jeudi 7 avril autour de l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, « porteur d’universalisme ». Retour sur ce premier rendez-vous qui a réuni plus de 70 personnes à l’espace One Point.

Les matins de JEM ont pour vocation d’honorer les principaux donateurs et soutiens de Judaïsme En Mouvement, en leur permettant d’échanger de façon informelle avec des personnalités issues de la politique, de la culture, des affaires. «Nous sommes honorés de votre présence et fiers que vous soyez notre premier invité cher Bernard Cazeneuve. Vous inscrivez les Matins JEM dans l’espace républicain auquel nous sommes tant attachés mais surtout, quel bonheur d’accueillir un homme politique dont les qualités humaines font l’unanimité et si proche des valeurs qui nous sont chères», s’est exprimé Lionel Errera, Président du Fonds de dotation.

« C’est avec les amis qu’on chemine y compris lorsque l’essentiel est en jeu ». Après avoir exprimé son plaisir à retrouver certains membres de cette assemblée, et réaffirme sa proximité avec le judaïsme et les juifs libéraux, durant plus d’une heure et devant 80 personnes, l’ancien Premier ministre est revenu sur les trois ouvrages qu’il a publiés sur les charges politiques qu’il a assumées. A Matignon, d’abord dans Chaque jour Compte (Stock, 2017) à une période où « il fallait que l’État tienne face aux menaces terroristes les plus extrêmes », notamment au cours de la campagne électorale 2017 où les menaces d’attaques étaient importantes. Place Beauvau, ensuite, en évoquant dans A l’épreuve de la violence (Stock, 2019) une société française confrontée non seulement à des attaques terroristes – face auxquelles il a fallu reconstituer les forces de police et de gendarmerie, repenser la politique publique du renseignement, réguler l’usage des armes à feu en Europe et réformer Schengen alors que la dernière loi sur le Renseignement datait de 1991 – mais aussi à des mouvements protestataires parfois violents comme ceux qui ont surgis au sein des Zones à Défendre contre l’aéroport à Nantes, ou au moment des débats parlementaires relatifs à la loi travail.

 

“C’est avec les amis qu’on chemine y compris lorsque l’essentiel est en jeu”

Benard Cazeneuve

Dans le dernier volume qui vient de paraître, Le sens de notre nation (Stock, janvier 2022), Bernard Cazeneuve nous propose de nous projeter dans l’avenir en affirmant ses convictions. Se déclarant « absolument européen, attaché au multilatéralisme et convaincu qu’il n’y a pas de paix possible s’il n’y a pas de dialogue entre les nations », le Premier ministre se dit « attaché à l’universalisme à un moment où le communautarisme, le racialisme, le wokisme le mettent en cause ». Mettant en garde contre le communautarisme et la manière dont une partie de la gauche s’éloigne de l’héritage républicain, il utilise donc le mot de « Nation » entendu comme un projet portant des valeurs communes.

Dans les coulisses du pouvoir

Riche d’anecdotes passionnantes, la conférence de Monsieur Cazeneuve nous a plongés dans les coulisses du pouvoir à une période très agitée : « Tout était un combat ». Il a évoqué comment la sécurité de la Manifestation du 11 janvier 2015 a été organisée, aussi bien que l’ovation faite aux forces de sécurités qui sont intervenues à l’Hyper-Cacher, mais également sa peine face aux insultes de « déportation », quand il a organisé la sortie des 13 000 migrants du camp de Calais pour les placer dans divers centres d’accueil où ils résident encore : « Je tire de cette expérience que la responsabilité politique est exigeante. » Dire l’essentiel à un moment où le pays n’est pas prêt à l’entendre est difficile, a -t-il conclu, faisant référence à Pierre Mendes-France « juif et humaniste », au moment de la Guerre d’Indochine, ainsi qu’à Robert Badinter sur la peine de mort. A quelques jours du deuxième tour des présidentielles, les questions de l’assemblée ont entre autres porté sur leur résultat, les actions à mener et le devenir de la gauche.

Les fonds individualisés

Le fonds de dotation de JEM créée en 2021, abrite d’ores et déjà 4 fonds individualisés : le fonds Rashbag qui apporte un soutien scolaire et participe à la détection et à l’accompagnement d’enfants qui souffrent de troubles de l’apprentissage, le fonds Danziger qui finance un cycle de conférences durant lesquelles les jeunes qui entament leur vie professionnelle, dialoguent avec des historiens, sociologues, des philosophes. Le fond Sahag qui encourage les actions de paix, de tolérance ainsi que l’aide aux migrants. Le dernier fonds, Nextgen soutient les actions menées par JEM en faveur de la jeunesse.

 

Yaël Hirsch