Pourim 5782: Édito rabbinique

9 mars 2022

Les textes des offices s’inscrivent dans la civilisation juive (au sens de mordéHai kaplan). Entrer en relation avec eux exige de nous intéresser à leur langage. Ce n’est pas chose simple. La pensée juive est différente des représentations que beaucoup d’entre nous s’en font.

Le judaïsme n’est pas un ancêtre plus pur ou plus concis de la pensée catholique actuelle. Pourtant, le risque de le considérer ainsi est grand, et ce pour de multiples raisons. Notre culture générale d’abord, qui nous incite à déplacer les concepts juifs. La méditation (pensée) devient de la médiation (faire le vide), l’engagement (amen) devient de l’obéissance ou de la foi, la pensée devient de la philosophie, la relation filigranaire au divin devient théodicée. Traduire de l’hébreu au français n’est pas simple, et de plus, ce n’est pas suffisant. Dans cette introduction, nous aborderons trois sujets indispensables pour comprendre ces textes ainsi que les choix d’écriture de ce livre.

Nous commencerons avec l’inclusivité, en particulier autour de la question de l’égalité femmes-hommes. Nous évoquerons quelques éléments de ce qui touche à la place des femmes dans les offices, aux sources qui ont été utilisées comme justification de leur relégation, à la réalité de ce que permet le judaïsme aujourd’hui, ainsi qu’à des propositions pour le futur. L’inclusivité touche également à la place des personnes non juives dans les offices. En commençant par ces questions, nous permettront que tous et toutes se sentent d’emblée respectés·es.

“« toutes les fêtes disparaitront, et les jours de Pourim ne seront jamais abolis. » ”

midrach michlé

 

Le midrach michlé (9 :1) nous dit : « toutes les fêtes disparaitront, et les jours de Pourim ne seront jamais abolis. » 

Maimonide nous dit : « Tous les livres des Prophètes et des Ecrits disparaitront à l’époque messianique, saut la méguila d’Esther. »

Les 16 et 17 mars prochain, nous sommes appelé.es à sortir nos méguilot (ou trouver le texte sur sefarim.fr), lire l’histoire d’Esther, effacer le nom du destructeur Aman, manger ses oreilles (des pâtisseries qui les symbolisent), applaudir la reine, donner de l’argent aux pauvres, offrir des douceurs à nos amis, nous déguiser et boire un peu plus que de raison. Ces actes simples sont notre façon ancestrale de ne pas sombrer dans le manichéisme ni dans la peur, mais d’embrasser l’ensemble de la réalité humaine qui unit tous les enfants d’Adam.