Tishri 5783: Book Club

19 septembre 2022

Pour Tichri 5783, le rabbin Floriane Chinsky nous a ouvert sa bibliothèque pour nous livrer une petite sélection de ses ouvrages préférés sur les fêtes. Bonne lecture !

En adoptant la Bible comme anthologie de référence, notre tradition nous a transmis l’amour des bibliothèques. Chaque livre biblique possède son rôle propre et son atmosphère. Les cinq livres les plus lus traditionnellement sont évidemment ceux du Pentateuque. Ils sont lus à travers le regard d’une tradition orale sans cesse renouvelée. Parmi tous les livres à conseiller dans la bibliothèque juive, je choisis aujourd’hui de partager avec vous cinq livres écrits au XXe siècle après l’Ere Commune, commentant les cinq livres écrits au premier millénaire avant.

Préambule : Le Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, de Geoffrey Wigoder et Sylvie Anne Goldberg se trouve sans hésitation en première position. Son approche non partisane y est pour beaucoup. Sa forme à entrées alphabétiques également, qui permet une consultation en étoile et en fonction des besoins. On peut le consulter, le feuilleter, passer d’un article à l’autre, avec rigueur, curiosité ou rêverie. On peut apprendre directement, ou se désintoxiquer d’idées fausses, en toute liberté.

Cinq et cinq livres : Le Houmach, les cinq livres du Pentateuque est au centre de la lecture hebdomadaire à la synagogue. Pour comprendre le rôle réel de ce texte, je vous recommande quatre ouvrages qui sont complémentaires : Le rire d’Isaac de Théo Klein (Fallois, 2006), The five books of Myriam de Ellen Frankel (Harper one, 1996), Brèves leçons bibliques de Yeshayahou Leibowitz (Desclée de Brouwer, 1995, première publication en 1988), les En méditant sur la sidra  de Nehama Leibowitz (écrites entre 1941 et 1971) ainsi que Chroniques bibliques au féminin de Janine Elkouby (Albin Michel 2013).

Les cinq livres de Myriam ne sont pas uniquement un parallèle aux cinq livres de Moïse, au pentateuque. Ils sont un commentaire du pentateuque sous forme de discussion, de Hévrouta, entre les grands personnages féminins de l’histoire juive, de Lilith aux sages de notre temps. A travers cette lecture vitalisée et contestée de la Torah écrite, Ellen Frankel nous initie à la réalité de l’étude par la discussion, le désaccord et la contestation, en réintroduisant la place des femmes écartées par l’histoire et leur vision inspirante. Elle allie érudition et imagination pour commenter la torah écrite à la lumière à la fois du fond de forme de la torah orale (qu’elle cite dans les notes) et de sa forme. Ce livre est disponible uniquement en anglais.

Théo Klein partage une lecture personnelle du personnage d’Isaac ; il nous rapproche de cette figure, de l’approche des commentateurs, et banalise avec bonheur l’évidente légitimité d’une lecture non religieusisée du judaïsme. Le rire d’Isaac partage cet amour juif de la réflexion, du décalé et de l’humour. Ecrit en français.

Nehama et Yeshayahou Leibowitz nous introduisent à un judaïsme pratiquant, érudit, visionnaire, et bien sûr opposant de toute religiosité superstitieuse. Les Notes sur la paracha de la semaine(selon leur titre en hébreu) de Yeshayahou sont des retranscriptions de conférences, sous forme de petits essais. Les Questions de la Paracha (nom initial de ces recueils) de Nehama rapportent différentes sources relatives à la section de la Torah étudiée et posent des questions-guides dans une invitation à la construction de la pensée critique juive. La langue originale de leurs ouvrages est l’hébreu, il existe des traductions en français.

Les chroniques bibliques au féminin donnent pour leur part une voix à vingt femmes, racontant leur histoire à la première personne. Elle associe l’histoire biblique, les commentaires, sa vision personnelle et une mise en perspective du point de vue des héroïnes. Janine Elkouby introduit la vision des commentaires en cite le texte à la fin de chaque chapitre.

“Je souhaite que ces prières si profondes et émouvantes deviennent votre pain quotidien. ”

Emile Kaçman, dans l’introduction de ses cassettes d’enseignement des chants de l’office, formulait le vœu suivant

 

Qu’il en soit de même pour ces anciens textes du pentateuque, si beaux parfois, si terribles et insupportables également, qui sont lus, retraduits, dénaturés et recomposés par les lecteurs et lectrices juives depuis si longtemps.

Pour d’autre livre, vous pouvez consulter : https://rabbinchinsky.fr/2015/10/16/les-25-livres-juifs-qui-mont-inspires/