Chavouot 5782 : Retrospective
Le 4 juin dernier, la synagogue Beaugrenelle a accueilli près de 300 personnes pour la traditionnelle nuit de Chavouot dont 40 jeunes du groupe Yahad. Une nuit marquée par l’étude et, tout particulièrement cette année, par la notion d’accueil : « l’accueil de la torah, dans le souci des autres ». Retrospective en images!
Annonce du programme de la Nuit par Fabienne Sabban, administratrice JEM en charge de la culture.
"L'accueil de la Torah: accueil volontaire ou sous contrainte" par le rabbin Yann Boissière
« Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel. Je viens, selon l’usage antique et solennel, Célébrer avec vous la fameuse journée Où sur le mont Sinaï la loi nous fut donnée » . « Nous fut donnée », énoncent ces fameux vers d’Athalie de Racine, mais fut-elle acceptée ? A en croire certains midrachim, il semble même que Dieu ait « forcé la main » des Israélites au pied du Mont Sinaï ! Mais alors, quelle validité peut avoir une loi qui ne dérive pas du consentement ? La littérature rabbinique, depuis des siècles, est en prise avec cette question… Nous la reprendrons à nos frais pour ce soir de Chavouot, mais nous en profiterons pour élargir la problématique à d’autres aspects de l’Alliance : sa validité spirituelle pour chacun, son instrumentalisation politique chez certains penseurs de la modernité (Spinoza par exemple), mais aussi, sa valeur d’événement, en ce que le Matan Torah (Don de la Torah) pose les bases du premier « espace public » du judaïsme…
"Quand Dieu accueille le don de l'un et pas le don de l'autre: Caïn et Abel, difficile fraternité" par le rabbin Delphine Horvilleur
Au commencement, tout va mal. Un homme tue son frère, par jalousie ou par colère, par naïveté ou par indifférence… Un don fait l’objet d’un accueil et pas l’autre. Une apparente injustice qui nous invite à penser la responsabilité. Dans cette étude, nous essaierons d’accueillir cette histoire, l’épisode de Cain et Abel , avec toute son ambivalence (et donc avec la nôtre), vis- à-vis de cette notion complexe de fraternité.
"Qui accueille qui ? Nouvelles questions autour de l'Annonciation à Sarah" par le rabbin Floriane Chinsky
Tout le monde croit le savoir : Abraham accueille les envoyés divins venus lui révéler qu’il accueillera bientôt un fils. Saurons-nous accueillir d’autres lectures de ce passage ?
"Le sens de l'étranger" par le professeur en littérature Alexis Nouss
Donner sens à l’étranger et recevoir le sens que celui-ci propose n’est pas une donnée immédiate de la conscience, ni anthropologiquement, ni sociologiquement. Il suppose un travail de la pensée, une construction par la culture et par l’analyse critique. Le judaïsme offre un parfait exemple d’un tel dispositif car, au travers du développement de ses idées et en regard de sa propre histoire, il n’a cessé de répondre à la question matricielle « Suis-je le gardien de mon frère ? ». À partir du texte biblique et de l’œuvre de grandes figures de la pensée juive, il importe de saisir comment le sens de l’étranger, au niveau du concept comme de son implication concrète, détermine une condition de l’étranger qui vient doubler la condition humaine.
TABLE RONDE " Accueillir la différence: les quatre fils à la table du seder de Pessa'h" par le rabbin Yann Boissière, Marine de Molliner et Emmanuel Calef
« La terre est à moi, car vous n’êtes que des étrangers domiciliés chez moi » (Lév. 25:23) L’homme, dans la pensée juive, est par essence de passage sur une terre qui ne lui appartient pas, mais dont il a la garde, plus gérant que propriétaire, et ce depuis Adam le déraciné, créé hors, puis placé dans, pour être enfin chassé du Jardin d’Eden. C’est dans cette optique de la non-possession, que le juif accueille la Torah à Chavouot, participant ainsi d’une économie éthique du don qui parcourt le texte biblique. Car s’il est interdit de compter les hébreux pour les recenser, on peut en revanche compter leurs dons, comme si pour « compter » dans cette société, il fallait commencer par donner, dans le souci des autres, au lieu d’attendre de d’abord recevoir.
"Pourquoi étudier le livre de Ruth quand nous accueillons la Torah ?" par le rabbin Gabriel Farhi
S’il fallait incarner en un personnage la fête de Chavouot, il s’agirait indubitablement de Ruth. Ainsi nous étudierons cette personnalité majeure de la Bible, Ruth la Moabite, Ruth l’étrangère qui deviendra la grand-mère du Roi David. Elle est l’exemple même que toute personne soucieuse de rejoindre le Peuple Juif veut suivre. Ruth aura dû renoncer pour pouvoir mieux adhérer. Est-ce à dire que lorsque l’on est étranger, l’on ne peut s’intégrer (ou s’assimiler) qu’au prix du sacrifice de ses origines ? La Méguila de Ruth nous sert de support pour dresser un portrait de son héroïne, comprendre son cheminement et étudier l’exégèse rabbinique qui y est associée.