Interview: Joseph Dadoune
Franco-Israëlien, Yosef Joseph Yaakov Dadoune crée des oeuvres qui se vivent comme un chemin de couleur vers la joie. Artiste exposant choisi pour inaugurer le premier événement du fonds Israël Autrement, Joseph Dadoune a proposé lors de l’exposition “Found You” un voyage entre ce qui est trouvé et à retrouver. Découvrez l’interview de cet artiste à la rencontre de l’autre “trouvé”.
Vous êtes né en France mais avez grandis à Ofakim (Israël), quelle est aujourd’hui votre relation avec la France hors expositions ?
La France est le pays dans lequel j’ai choisi de vivre. Malgré le fait que je sois amené à voyager au gré de mes expositions, c’est l’endroit où je me sens chez moi. La France m’inspire, dans son rapport à l’art, dans sa différence avec la culture orientale. D’être né en France mais d’avoir grandi en Israël me permet d’être comme mes oeuvres, dans un entre-deux, une danse, une confrontation mais aussi un mariage entre deux opposés.
Le multiculturalisme fait donc partie de votre ADN, vous le représentez dans vos œuvres en mixant influences orientales et occidentales. Pourquoi préférez-vous illustrer ce mélange bien souvent par le prisme politique et social ?
Mes oeuvres parlent plus que du prisme politique et social. Elles parlent de l’enracinement et du déracinement, mais elles ont un aspect universel. La reconnections avec soi-même, la quête de joie, sont des émotions que nous rencontrons et que nous devons tous confronté à un moment donné.
Vous aimez également mélanger les médiums, vidéo, dessin, photo, architecture… pouvez-vous nous expliquer votre processus créatif ? Est-ce l’idée qui appelle tel ou tel medium ou l’objet de transmission du message qui modèle l’idée ?
La vidéo et hommage à ma mère, une façon de rendre hommage aux femmes, qui permettent au monde d’exister sont mes premières sources d’inspiration. Mais dans l’esthétisme, mes peintures et la photo, c’est la question de la matière qui m’anime. Je mêle les couleurs et les matières pour évoquer les questions de territoire, territoires à la limite des frontières.
“Les sources d’inspirations des artistes israéliens sont tant autour d’eux, qu’introspectives.”
Vous exposez beaucoup en Israël, pouvez-vous nous éclairer sur les spécificités de la création artistique contemporaine israélienne ? Quelle est la tendance actuelle ?
Je dirais que la création artistique contemporaine israélienne est aussi complexe et tendu que la situation du pays. Les contradictions qu’on y trouve créent des œuvres poignantes, aux propos captivants. Mais en même temps, comment résumer tous les artistes d’un même pays ? Surtout en Israel, où chacun est encore grandement influencé par ses origines. Je dirais donc que ce qui fait l’art israélien est le fait de se nourrit de tensions. Que ce soit les tensions d’un pays en guerre, ou celles d’un pays accueillant des vagues successives d’immigration.
Vous êtes un artistes prolixe, quels sont vos grands projets en 2023 ?
En 2023, j’aurais la chance d’exposer, en solo show au Musée d’Art et d’histoire du Judaïsme. Ce musée dans le troisième arrondissement de Paris retrace l’histoire de la culture des Juifs depuis le Moyen Âge jusqu’au xxe siècle. Dans sa collection, on retrouve des objets religieux, de manuscrits et des œuvres qui promeuvent les contributions des Juifs à la France et au monde, particulièrement dans le domaine de l’art. C’est un honneur pour moi d’y exposer après des artistes contemporains tel que Christian Boltanski ou encore Sophie Calle. Je vous y retrouverais avec plaisir en Juin !