Souccot & Hochana Raba

Fête

Du Lundi 6 Octobre à 19h01
au Mercredi 15 Octobre 2025 à 19h49

De la Torah écrite à la Torah orale

5 jours après Kippour, Israël célèbre la 3e fête de pèlerinage, la fête de Souccot dite « des cabanes ». Cette solennité joyeuse rappelle les habitations précaires dans lesquelles vivaient nos ancêtres, les Hébreux, sortis d’Egypte. Certes ils ne vivaient pas dans de jolies cabanes décorées de fleurs comme celles d’aujourd’hui, mais dans des tentes de bédouins ; et c’est au moment du retour de l’exil de Babylone, selon le livre de Néhémie (chap. 8) que l’on commença à construire des cabanes en bois avec un toit de feuillage.

En même temps que la soucca évoque les tentes des enfants d’Israël durant leur périple du désert (40 ans), la soucca symbolise la providence divine, cette alliance avec la vie, qui a fait traverser l’Histoire à notre peuple jusqu’aujourd’hui.

A cette mitsva de la soucca, la Torah a ajouté celle d’agiter 4 espèces végétales, nommés Loulav (du nom de la plus grande tige) ou arbâ minim « 4 espèces », que la tradition orale a ainsi identifié : 1 branche de palmier, 2 branches de saule, 3 branches de myrte et 1 étrog « cédrat ». La Torah ne justifie pas cette pratique, mais elle s’explique, en cette période automnale,  comme un geste de reconnaissance envers les pluies de bénédictions offertes par le Miséricordieux. Durant l’office, le fidèle agite ces 4 espèces, notamment en récitant Hosanna « Sauve-nous », et en formant une procession autour du rouleau de la Torah, nommée hakafoth.

Une fête agricole

Les fêtes de pèlerinage en général, et celle de Souccot, étaient originellement des fêtes agricoles : Pessa’h correspondant à la germination, Chavouot à la moisson du blé et Souccot à l’engrangement final. Par la sortie d’Egypte elles prennent une dimension religieuse : la sortie d’Egypte, le don de la Torah et la traversée du désert. Ainsi le fidèle pose que le Dieu de la morale (YHWH) est aussi le Dieu de la Nature (Elohim), affirmation liturgique répétée depuis Roch Hachana jusqu’à Kippour : « YHWH est Elohim ».

Pour maintenir ce caractère agricole de la fête, la loi juive demande de recouvrir le toit uniquement avec des branchages végétaux, sans utilisation de métal ou de peaux de bête. Cette cabane plus en moins grande, pouvant contenir entre 1 personne et plus de 100, (dans certaine cours d’hôtel en Israël), est joliment décoré à l’intérieur, on y suspend des fruits, on y appose des tissus colorés ou des représentations de Jérusalem (Yerushalayim), la cité de David.

La Soucca possède des murs mais pas de porte d’entrée, afin de pouvoir accueillir les membres de la communauté, la famille, les amis, juifs et non-juifs.

Ajoutons que la Torah ajoute une 3e mitsva pour cette fête de Souccot : la joie, la sim’ha. C’est pourquoi dans la prière, nous surnommons Souccot : zéman simhaténou « le temps de notre joie ». Après le pardon de Kippour et l’engrangement des récoltes, le fidèle se réjouit devant l’Eternel de tous Ses bienfaits matériels et spirituels. Les mystiques affirment que Dieu ne se trouve pas dans la tristesse, mais dans la joie.

Souccot dans les sources juives

La fête de Souccot s’étendant sur 7 jours, la tradition juive a fait correspondre à chaque jour un fondateur de l’identité d’Israël : Abraham (et Sarah), Isaac (et Rebecca), Jacob (Rachel et Léa), Joseph (et Asnat) Moïse (et Tsipora), Aaron (et Elishéba), David (et Bethsabée). On parle des ouchpizim ou « invités d’honneur ». Les patriarches et les matriarches ont fondé l’identité d’Israël, Moïse et Aaron leur ont apporté la Loi et le Culte, David a fondé la royauté sur la terre d’Israël. En vivant Souccot nous revivons les origines de notre histoire.

Durant la prière de Souccot, en plus des psaumes et des poèmes particuliers, nous lisons chaque jour dans la Torah un passage concernant les sacrifices. A l’époque du Temple on offrait au total des jours 70 taureaux. Or 70 est le nombre symbolique de l’universel (le nombre de peuples nés après le déluge). Ici l’universalisme d’Israël s’exprime totalement : après avoir vécu son jour d’Expiation des fautes (Kippour), Israël – dont la vocation est d’être « royauté de prêtres » au milieu des nations – offre 70 sacrifices d’expiation pour les 70 peuples de la terre. Une manière de traduire « elles seront bénies par toi (Abraham) toutes les familles de la terre. » (Gn 12, 3).

Le dernier jour de Souccot porte le nom de Hochana Rabba « Grande Délivrance ». Ce sont les kabbalistes de Safed (16e s.) qui ont invité les fidèles à rester éveillés toute la nuit en étudiant la Torah et en récitant une liturgie de Kippour. Les mystiques affirment que le décret divin au final n’est pas scellé à Kippour mais à la fin de Souccot, pour permettre à Israël d’augmenter son mérite par les mitsvot accomplis durant la fête des Cabanes. Hochana Rabba s’achève par un office matinal avec une liturgie particulière.

Office d'Hochana Raba

La célébration d’Hochana Raba (demandes nombreuses de grâce) est très particulière et intéressante malgré son heure matinale : elle comporte plusieurs singularités ci-après : l’une est que c’est le dernier jour de Souccot, ‘Hag sim’haténou, la fête de notre joie ; une autre est la tradition de battre les feuilles de saule du loulav contre un objet dur pour en faire tomber des feuilles ceci au cours de processions (hakafoth) nombreuses.
On y souligne la joie de la fête en chantant le Hallel et, pendant les processions, de nombreux chants, mais on y chante également des Seli’hot (demandes de pardon) en considérant que nous avons une « dernière chance » d’obtenir le pardon même après le « scellement » que nous a apporté Kippour.