Tou BiChevat 5782: Édito rabbinique

Si sous nos latitudes il nous faut faire un grand travail d’imagination, la réalité est autre en Israël où l’amandier commencera a bourgeonner. Les pluies plus abondantes irriguent les sols qui seront alors fertiles, le printemps venu, pour que la nature s’exprime pleinement. Tou BiChevat marque le renouveau de la nature et originellement, la dîme était prélevée sur les produits des arbres fruitiers. Tout ce qui était produit après le 15 du mois de chevat était taxé l’année suivante. Après la destruction du second Temple, et donc l’exil, cette dîme n’avait plus d’objet et ce qui était un impôt s’est transformé en fête.  

Les deux mitsvot (préceptes) liées à cette fête sont les suivants : planter un arbre et se réjouir autour de la consommation de fruits, au moins sept parmi ceux évoqués dans le livre du Deutéronome (chapitre 8, verset 8) : “Un pays qui produit le froment et l’orge, le raisin, la figue et la grenade, l’olive huileuse et le miel (de dattes). Parmi l’ensemble des fruits, il convient d’en consommer au moins un “nouveau”, que l’on a donc pas consommé depuis longtemps, afin de prononcer la bénédiction inaugurale du Shéhé’héyanou. On distinguera alors les fruits qui sont issus de l’arbre “Etz” et ceux de la terre “Adama” en accordant une priorité aux fruits de l’arbre puisque nous les célébrons. Prenez une dizaine de fruits différents et vous serez surpris d’observer d’où ils proviennent ! Pour la plantation de l’arbre il est d’usage de faire un don au KKL, Keren Kayemeth Lé Israël, qui se chargera de planter un ou plusieurs arbres en votre nom en Israël. 

Nous considèrerons également qu’il existe deux types d’arbres, ceux qui portent des fruits et ceux qui en sont dénués. Des premiers, nous nous en nourrissons, des seconds (outre le fait de les contempler) ils contribuent à un écosystème qui permet de capturer le Co2. C’est une belle leçon que de considérer que même les choses dont on ne peut tirer un avantage immédiat nous sont utiles et contribuent à un ensemble.  

Et puis l’arbre est un symbole très utilisé dans la Bible, la Torah est considérée comme un “arbre de vie” et “l’homme est un arbre des champs”. La force d’un arbre ne réside pas tant dans sa taille que dans l’implantation et la profondeur de ses racines, c’est à dire de ce qui n’est pas visible et qui précède, et accompagne, sa croissance. L’arbre est présent depuis le récit de la création et est le premier élément qui met en scène les penchants de l’homme autour de “l’arbre de la connaissance”, celui qui conduira Adam et Eve en dehors du jardin d’Eden. Cet élément, en apparence inerte, représente un repère qui, bien souvent, a existé avant que nous ne venions au monde et qui nous survivra pour autant que l’homme en prenne soin. Le fait de planter un arbre est un acte fort qui nous permet de laisser une trace de notre passage sur terre et de transmettre un bien qui profitera à l’humanité.  

Tou BiChevat, bien que considérée comme étant une fête mineure, est en réalité une fête d’espoir dont nous avons bien besoin en ces temps. Elle incarne le renouveau, la beauté et la saveur. Si cette année encore nous ne pourrons partager cette joie en communauté, nous aurons à cœur de préparer un seder de Tou BiChevat pour dimanche soir (connexion au zoom ici – code : 184632) et de savourer la diversité des fruits qui porteront nos regards (et nos papilles) vers le printemps à venir. 

Rabbin Gabriel Farhi

Rejoignez le Seder en ligne, retransmis en direct de la synagogue Beaugrenelle : https://bit.ly/3qvUbOc (code: 184632)