Nos questions aux candidats des élections européennes

Réponse de Valérie Hayer

  • Comment interprétez-vous ces mains rouges ?

La symbolique des mains rouges rappelle l’insupportable image d’un homme exhibant fièrement le sang qu’il avait sur les mains après s’être introduit dans un commissariat palestinien pour tuer deux militaires israéliens à mains nues. A l’heure où la France fait face à une vague d’antisémitisme d’une ampleur rare, une telle allusion à un attentat terroriste est intolérable. D’autant plus quand cet acte est le fruit d’une tentative de manipulation de l’opinion orchestrée par une puissance étrangère.

Comme le révèle l’enquête qui a suivi les évènements, cet acte de vandalisme aurait été organisé par des services russes. Le mode opératoire fait également étrangement écho à plusieurs opérations de ce type menées dans la capitale, notamment celle des étoiles bleues taguées sur des immeubles parisiens, qui était bel et bien une manœuvre de déstabilisation russe.

Même si l’objectif est différent de ce que les apparences laissent à penser, le sens de ces actes reste toujours le même, faire monter l’antisémitisme d’un côté et favoriser les extrêmes de l’autre.

  • Pensez-vous que le conflit israélo-palestinien a quelque chose à voir avec les élections européennes pour lesquelles vous vous présentez en chef de file ?

L’Union européenne a une place de médiateur dans cette guerre. En ce sens, voter pour la nouvelle composition du Parlement lors des élections à venir contribue à redéfinir la position que l’Union adopte dans ce conflit. Le 9 juin, nous déciderons quels représentant seront amenés à contribuer à cette position.

D’une part, Raphaël Glucksmann, tête de liste PS ne cache pas son affiliation à la NUPES et toutes ses composantes. S’il appelle à l’union de la gauche sans Jean-Luc Mélenchon, il n’en rejette pas les insoumis, dont la complaisance avec le Hamas est disqualifiante. Seuls 21 eurodéputés ont voté contre la résolution pour condamner les attaques terroristes du 7 octobre, parmi lesquels Manon Aubry, tête de liste LFI, et deux de ses colistiers, Marina Mesure et Younous Omarjee.

D’autre part, une liste pro-russe sur laquelle figure Thierry Mariani, le porte-voix du Kremlin à Bruxelles et l’ami des puissances autocrates comme l’Iran ou la Syrie. Au Parlement, la liste du Rassemblement national favorisera l’entrisme des puissances étrangères pour mener des actions inadmissibles comme les tags que l’on a pu voir dans les rues de Paris.

Les populistes et les extrêmes tentent d’attiser les braises et s’emploient à polariser le débat pour monter un camp contre l’autre. Avec la majorité présidentielle, nous ne tolérerons ni l’utilisation de théories antisémites à des fins électorales, ni le soutien aux ingérences russes qui encouragent l’antisémitisme et ont pour objectif de diviser la société. Non, la radicalité ne ramènera pas la paix. Elle ne fera qu’éroder notre capacité à vivre en société.

  • Quelle est pour vous la place de la communauté juive au sein de la société française et au sein du projet européen ?

La communauté juive a, dans l’Histoire, une place particulière dans la construction du projet européen. Elle reste l’une des communautés les plus menacées en France et en Europe. Au cours du premier trimestre 2024, nous avons enregistré une augmentation de plus de 300 % des actes antisémites sur le territoire national. C’est intolérable et je les condamne sans ambiguïté et le plus fermement possible. C’est à ce titre que je me suis rendu à Rouen le jour même de la tentative d’attaque de sa synagogue et au Mur des Justes à Paris après qu’il eut été vandalisé. J’ai toujours considéré que c’était ma place d’être aux côtés de la communauté juive.

Comme pour l’ensemble des communautés religieuses, nous devons assurer aux croyants une sécurité et une liberté de pouvoir vivre leur religion dans le strict respect de la laïcité. La majorité présidentielle continuera de combattre l’antisémitisme et les actes intolérables dont nous avons pu être témoins, qui sont non seulement une menace intolérable envers les Français de confession juive mais également la laïcité et toute la République.

  • Quelle est votre vision du Proche-Orient à court et à moyen terme ?

La perspective d’une paix durable dans la région du Proche-Orient reste notre principale boussole. L’échec du Hamas en est un préalable.

Le président de la République a défendu une ligne claire et fidèle à la position historique de la France en défendant une solution à deux États.

La France est engagée sur trois dimensions à la fois :

  1. Un engagement ferme et volontaire dans la lutte contre le terrorisme avec nos partenaires internationaux et en particulier Israël, au Proche-Orient.
  2. Une protection totale des populations civiles. Les otages du Hamas doivent être libérés. Un accès humanitaire et alimentaire aux civils présents à Gaza doit être garanti et nous devrons poursuivre, avec nos partenaires européens, l’accompagnement économique et social des territoires palestiniens. Je crois fermement que la lutte contre le Hamas passera également par une aide aux populations palestiniennes qui vivent sous le joug d’une organisation terroriste depuis deux décennies.
  3. Une reprise d’un processus politique afin de trouver la stabilité dans la région. La France avance sur cette perspective en renforçant les échanges diplomatiques avec Israël, l’Autorité palestinienne et les pays voisins.
  • Quelle collaboration et coopération entendez-vous proposer au sein du parlement européen avec Israël et avec l’Autorité Palestinienne ?

Dans ce conflit, notre responsabilité collective est de faire preuve de constance : nous le devons à nos compatriotes juifs, aux Israéliens comme aux Palestiniens. La majorité présidentielle comme moi avons toujours été en faveur d’une solution à deux États, position historiquement défendue par la France. Une paix durable dans cette région du monde ne se concevra pas sans que ne soit reconnu au peuple palestinien un droit à disposer d’un État ni sans que celui-ci ne reconnaisse l’existence, la sécurité et la légitimité de l’État d’Israël et de son peuple. Comme Jean-Yves Le Drian l’a récemment rappelé, sans État Palestinien avec des frontières délimitées, jamais Israël n’aura la garantie de vivre en sécurité.

Cette reconnaissance ne doit pas être prise dans un moment d’émotion mais doit être le fruit d’un processus durant lequel toutes les conditions doivent être remplies, ce qui n’est pas encore le cas. Tant que le Hamas contrôlera une partie de la Palestine et ses autorités, alors la solution à deux États ne sera pas possible.

A cet égard, nous continuerons à défendre le respect du droit international au parlement européen et à prôner un cessez-le-feu immédiat à Gaza, conditions préalables à la mise en œuvre d’une solution de paix durable.