Nos questions aux candidats des élections européennes

Réponse de Jordan Bardella

Madame, Monsieur,
Je réponds par la présente à la lettre ouverte de votre association interrogeant les candidats têtes de liste aux élections européennes du 9 juin prochain.

En France, en 2024, nos compatriotes de confession juive ont peur. Peur de sortir dans la rue en laissant paraître des signes de leur appartenance religieuse, par crainte des invectives voire de l’agression. Peur de se rendre dans certains quartiers, devenus des zones de non-droit, bien souvent réglés à l’heure islamique. Peur à la suite des irresponsables provocations électoralistes de l’extrême-gauche qui, par leurs discours haineux et incendiaires, les désignent comme des cibles. Peur de l’inaction de l’État qui, en battant des records d’immigration incontrôlée et en laissant prospérer l’ensauvagement sans réponse ferme adéquate, les met en danger dans leur propre pays.

Au Parlement européen, j’ai systématiquement défendu le droit d’Israël à se défendre face à ceux qui œuvrent à sa destruction. Le 18 octobre dernier, au lendemain des attentats en Israël, je l’ai fait lors d’une intervention en hémicycle, et ai naturellement voté en faveur de la résolution du Parlement européen condamnant l’attaque ainsi que le Hamas, organisation terroriste qui en est l’auteur. Les eurodéputés du Rassemblement National n’ont d’ailleurs pas attendu le 7 octobre pour défendre le droit d’israël à se défendre : en juillet 2023, nous avions par exemple alerté, via des amendements sur un texte concernant les relations entre l’Union européenne et l’Autorité palestinienne, sur la souveraineté d’Israël et sur son droit à se défendre face au terrorisme. Nous avions également vote en faveur d’un meilleur contrôle des fonds versés par l’Union européenne dans les territoires palestiniens, inquiétude qui s’est ensuite révélée légitime lorsqu’a été soulevé le scandale des financements européens dédiés à l’université islamique de Gaza.

Avec la délégation du Rassemblement National, au cours du mandat 2019-2024 qui prend bientôt fin, nous avons également joué notre rôle de lanceurs d’alerte pour dénoncer les subventions et invitations ouvertes par la Commission européenne à des associations islamistes proches des Frères musulmans comme le Femyso ou le CCIE, émanation européenne du CCIF, organisation dissoute en France.
Dans cette période de troubles, la France se doit d’être moralement et diplomatiquement aux côtés d’israël, qui doit pouvoir assurer sa sécurité face à des voisins qui ont sa destruction comme objectif et face à des puissances régionales hostiles. Dans le contexte actuel, la reconnaissance d’un Etat palestinien, comme l’ont fait certaines Nations européennes, reviendrait à légitimer le Hamas: je suis ainsi, sur cette question, en accord avec la position française exprimée par le président de la République. S’il devait y avoir, à terme, la reconnaissance par la France d’un Etat palestinien, ce serait une fois seulement débarrassé de ses groupes terroristes et sans ambiguité sur la légitimité de l’existence d’Israël.

«Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples », disait le général de Gaule. Je n’aurai pas la présomption de détenir la clefde la résolution de ce conflit inexpiable, mais j’ai des certitudes, des principes et des valeurs qui ne varieront pas : la condamnation absolue du terrorisme, le droit d’Israël à exister et à se défendre, le rejet de l’islamisme, le dégoût de l’antisémitisme.
En France, depuis de nombreuses années, l’antisémitisme se dissimulait derrière la critique de la politique d’Israël et un « antisionisme » précautionneux. A la suite des ignobles attaques du 7 octobre se manifeste désormais dans notre pays, ouvertement et bruyamment, un antisémitisme virulent, décomplexé, d’inspiration islamiste, exprimé des rues de notre pays jusqu’aux bancs des assemblées parlementaires.
Scandale des propos et actes antisémites à Sciences Po Paris, mains rouges taguées sur le mur des Justes du mémorial de la Shoah, tentative d’incendie d’une synagogue de Rouen par un Algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, vociférations des élus de la France insoumise à l’Assemblée nationale: à ces bouffées d’antisémitisme qui ont créé le choc ces dernières semaines dans l’opinion, s’ajoute un antisémitisme subi au quotidien par nos compatriotes de confession juive, qui ne fait pas la «une» mais qui est révélé par les statistiques nationales alarmantes. Les chiffres du premier trimestre de l’année 2024, qui font état de 300% d’augmentation d’actes antisémites par rapport à la même période en 2023, année déjà noire, nous alertent sur une menace qu’il nous faut collectivement, d’urgence, enrayer.
Les mains rouges taguées sur le mur des Justes du mémorial de Shoah sont typiques de cet antisionisme d’extrême-gauche qui a viré à l’antisémitisme et au soutien du terrorisme. Les auteurs, qui font ainsi une référence explicite aux terroristes d’octobre 2000, doivent être traqués et sévèrement punis. Si l’enquête semble privilégier la piste de l’ingérence étrangère et potentiellement russe, l’inquiétude reste identique : pour semer la discorde dans notre pays, des puissances étrangères jouent avec le feu de l’antisémitisme et instrumentalisent nos faiblesses existantes.

Étant né et ayant grandi en Seine-Saint-Denis, j’ai vu les ravages du communautarisme et de l’islamisme qui, peu à peu, ont fait fuir nos compatriotes de confession juive qui y vivaient jusqu’alors en paix. Je refuse de me résoudre à voir certains quartiers de France, voire la France entière, certaines zones en Europe, voire l’Europe entière, devenir inamicaux à la présence des Juifs, composante intégrante et essentielle de l’Histoire européenne.
Comme je l’ai affirmé publiquement, je considère que le Rassemblement National et les orientations qu’il propose pour le pays constituent, pourles Français juifs, un boulier face aux menaces qui pèsent aujourd’hui

Bien au-delà de l’échéance électorale des prochains jours, je suis entièrement disposé à en discuter ensemble à votre convenance.

Très cordialement,

Jordan Bardella