Ce qu’en pensent nos rabbins

Il n’y a aucune interdiction dans la Tradition juive de démolir une synagogue pour la reconstruire. Bien au contraire suivant le principe « soter ‘al-menat livnot » (Shoulhan Aroukh, Orah Hayim §152) on peut démolir une synagogue à condition d’en reconstruire une autre. Mais qu’en pensent nos rabbins ?

Nous, Rabbins de Judaïsme En Mouvement (JEM), soutenons cet ambitieux projet de renouveau de la synagogue Copernic. Car il nous importe d’accueillir nos fidèles dans de meilleures conditions de sécurité et de convivialité : une salle de culte plus spacieuse et plus confortable ; des classes dignes pour le Talmud Torah, l’Oulpan et les cours de pensée juive ; des espaces adaptés pour des rencontres culturelles et ludiques ; un lieu qui insufflera par delà la synagogue Copernic l’esprit d’un judaïsme ouvert et bienveillant.

Chaque fois que le peuple d’Israël a connu une période de dynamisme, des forces vives spirituelles et fraternelles l’ont poussé à construire des maisons de rassemblement, des sanctuaires, des temples ou des synagogues, le beth haknesseth. En sortant d’Egypte dans le désert, lors du règne de Salomon, durant l’exil à Babylone pour résister à l’assimilation, au 19e siècle après l’Emancipation. Aujourd’hui JEM en France fédère de plus en plus de fidèles, à Paris et en Régions, car notre judaïsme répond aux demandes de spiritualité et d’ouverture d’esprit qu’attendent une bonne part des nouvelles générations.

Cette spiritualité et cet ouverture d’esprit ne signifient pas pensée unique. Ce serait trahir le principe si précieux de la makhloketh, le débat fécond entre des points de vue différents, voire contradictoires.

Nous espérons que cette nouvelle synagogue dans ses murs, mais fidèle dans son âme et dans son architecture, deviendra ce lieu de la pluralité, seul critère d’un judaïsme vivant. Mais surtout qu’elle sera l’espace d’épanouissement pour nos enfants et nos petits-enfants.

La nostalgie ressemble à des racines puissantes, mais son objet vise à construire son propre avenir : les fruits de notre futur.

Plus cette conscience de dialogue, d’amitié, de fraternité et de paix nous habitera et plus nous vivrons pleinement notre vocation ultime d’Israël : « elles seront bénies par toi, toutes les familles de la terre. »

Les rabbins Ann-Gaëlle Attias, Yann Boissière, Floriane Chinsky, Philippe Haddad, Delphine Horvilleur, Gabriel Farhi et Jonas Jacquelin