Tichri 5784 : Édito rabbinique

10 septembre 2023

Chères lectrices, chers lecteurs, et membres de JEM

Alors que nous nous préparons à célébrer Roch Hachana 5784, le début de l’année juive, nous sommes invités à prendre un temps pour réfléchir à nos expériences de l’année écoulée, et à envisager les opportunités que l’avenir nous réserve.

Roch Hachana, appelé traditionnellement « Jour du Jugement », ne doit pas s’entendre comme le passage devant le tribunal du Père Fouettard, mais comme l’humble, et toujours urgente, invitation à nous confronter à notre jugement intérieur. Or Roch Hachana nous offre l’occasion de nous reconnecter avec notre spiritualité, de renouveler nos intentions et de nous engager dans une quête de croissance personnelle. Il s’agit d’une période de réflexion profonde, de renouveau et d’espérance.

Au cœur de Roch Hachana résonne le son du shofar. Ce son ancien, animal, primal, nous rappelle l’importance de l’écoute, de la vigilance et du réveil de nos âmes ; qu’un cri peut tout changer. Il nous invite à sortir de notre routine quotidienne pour méditer sur notre propre existence, sur nos actions passées et sur la bonne personne que nous aspirons à devenir. Le shofar sonne tel un appel à l’authenticité, à la transformation et à la recherche de notre vérité intérieure.

La période des Dix Jours de Repentir (Téchouva), inaugurée avec Roch Hachana et culminant avec Yom Kippour, nous incite à une vraie introspection. Une magnifique occasion de faire face aux erreurs que nous avons commises, de demander pardon à ceux que nous avons blessés, et de chercher à améliorer nos relations avec les autres. Bâtir la Paix, et notre Paix (Shalom) à notre niveau. Reconnaissons qu’il est rare d’avouer réellement nos défauts et les dégâts causés par nos paroles et nos actions. Les Dix Jours de Repentir nous offrent l’occasion d’exprimer nos regrets, d’assumer la responsabilité de nos actions et de tendre la main pour guérir les blessures que nous avons infligées.

Dans un monde souvent caractérisé par la rapidité, le tumulte et l’incommunication (malgré les réseaux sociaux), Roch Hachana nous invite à ralentir, à regarder en arrière, en même temps qu’envisager l’avenir avec de bonnes intentions. Moment privilégié pour évaluer nos priorités, pour considérer nos objectifs et pour redéfinir nos aspirations. Cette période du nouvel an nous rappelle également que chaque jour porte son opportunité de recommencer, de grandir et de nous rapprocher de notre potentiel moral et spirituel le plus élevé.

L’une des pratiques les plus significatives de Roch Hachana se traduit par le repas festif, durant lequel nous consommons des aliments à haute valeur symbolique, notamment la pomme aigrelette trempée dans le miel. Ce geste est chargé de sens : il souligne la douceur que nous souhaitons partager pour la nouvelle année. Mais il souligne également l’idée de mélanger le doux et l’amer, symbolisant les hauts et les bas inévitables de nos existences. Voilà une invitation à accepter ces dualités et à apprendre à les équilibrer avec grâce, en nous éloignant des discours culpabilisants.

En ces temps incertains et en constante évolution, Roch Hachana nous offre une bouffée d’espérance. C’est une occasion de cultiver la gratitude pour ce que nous recevons du Ciel, de renforcer nos liens familiaux et communautaires, et de nous engager à travailler collectivement pour un monde meilleur. L’année qui s’est écoulée a porté ces défis, mais chaque défi s’ouvre sur une opportunité de croissance. Alors que nous nous tenons au seuil de cette nouvelle année, il est temps de regarder en avant avec courage et optimisme, surtout pour tous les projets portés par JEM.

Par votre présence aux offices, par votre soutien économique – car l’argent est aussi le nerf de la paix – vous affirmez votre solidarité avec les projets d’un judaïsme éclairé, pour l’ensemble du peuple juif, en Israël, en France et dans le monde.

En conclusion, chères lectrices, chers lecteurs, Roch Hachana est une période pour se réveiller de notre sommeil spirituel, pour réfléchir sur nos vies et pour nous engager à devenir de meilleures personnes, devant Dieu et face aux hommes.

Puissions-nous tous être inscrits dans le Livre de la Vie, guidés par la sagesse et des sentiments positifs pour l’année à venir. Que nous soyons scellés dans le Livre de la Vie, nous et à tous proches !

Paix en Israël, Paix dans le monde.

Rabbin Philippe Haddad