Requiem XIX : bientôt à Copernic !

16 juillet 2021

Après avoir été joué à l’église Saint-Médard, Requiem XIX – œuvre pour la paix chantée en latin, hébreu et arabe – sera présenté le jeudi 30 septembre à la synagogue de la rue Copernic. Son compositeur Laurent Couson revient sur les raisons qui l’ont poussé à écrire ce requiem œcuménique.

Comment écrire sa version du Requiem, en 2020, après les chef-d’œuvres que l’histoire de la musique nous a laissés ?
L’arrivée mondiale de la crise de la Covid 19 a soulevé de multiples questions sur la vie, la solitude devant la mort, le renouvellement et l’étude de soi. C’est au cœur de cette crise, au mois d’avril, que j’ai écrit ce Requiem.

L’homme a-t-il été puni par Dieu ? C’est le thème de la légende de Babel, que l’on trouve dans le livre de la Genèse, et qui est présent dans les trois grandes religions monothéistes. J’ai choisi d’ouvrir le Requiem par une adaptation de ce texte, dans ma langue maternelle, pour que chacun en entende le sens et le message : celui de l’ambition déréglée, de la parole perdue et de la nécessité de s’écouter pour de nouveau s’entendre. La dispersion des langages de la légende du pays de Shinar m’a poussé à écrire le reste du Requiem en trois langues.
Après la demande de lumière du Lux aeterna, et le texte de Babel, j’ai choisi deux épisodes de la cérémonie liturgique chrétienne : Lacrimosa et Dies Irae, jour de larmes et jour de colère.
Deux symboles : l’un du chagrin et de la renaissance, l’autre de la fureur et de la destruction.
Mon ami le poète et philosophe marocain Mohammed Ennaji m’a proposé un texte original en arabe littéraire, Qoboûr, qui serait le pendant de l’Ingemisco latin.

Qoboûr est une méditation sur nos tombes, ouvertes, découvertes, qui accueillent les rois comme les démunis vers ce que le profane appelle la Mort.
Dans le mouvement suivant, l’homme loue la gloire de Dieu, espère retrouver la parole perdue, et demande la joie. C’est le thème du Gloria, en cinquième position de ce Requiem.

L’Offertoire est un moment musical poussant à la réflexion interne. Nous allons avoir la réponse, mais le thème de Dies Irae gronde encore, lointain mais bien présent.

Voici le message principal délivré par le Cantique des Cantiques (Shir Hashirim) : seul l’Amour est plus fort que la Mort. L’homme perdu au jardin des noyers cherche la solution, la voici, elle était devant lui : l’Amour, dont les embrasements sont embrasements de feu.
La trompette appelle, voici déjà l’appel de la Mort (Tuba Mirum) pour comparaître face au Juge, et nous rassembler au pied du trône.
Chacun dans sa langue, les hommes vont demander le repos, le pardon et la lumière éternelle. Requiem aeternam en latin, Ya rabbou en arabe, Kaddish en hébreu se mêlent pour former la dernière prière.
La Mort est venue, mais ce n’est qu’un passage, déjà, la renaissance et une nouvelle vie sont en marche.

Laurent Couson

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