Pourim 5785 : Book Club

6 mars 2025

À Pourim, on rit, on pense et on échange ! Cette année, dans son Book Club, le rabbin Yann Boissière vous propose un voyage littéraire mêlant humour, mémoire, géopolitique et spiritualité, à travers des ouvrages aussi riches que percutants. De Jonathan Sacks à David Grossman, en passant par les témoignages des Filles de Birkenau, venez explorer la profondeur de notre tradition et de notre histoire.

Jonathan Sacks, Ceremony and Celebration. Introduction to the Holidays, Maggid Books, Milford, USA, Jerusalem, 2017.

Comme toujours avec Jonathan Sacks, on a toujours le meilleur de la tradition (le meilleur, parce qu’il a un sens de la synthèse magistral, sans omettre d’être créatif, et original dans certaines de ses perspectives), mais un meilleur couplé de surcroît avec le meilleur de la pensée profane (philosophique, sociologique). Qui plus est, ses références, majoritairement anglo-saxonnes, ont le mérite de faire découvrir au lecteur français des œuvres assez peu connues sous nos attitudes : l’ensemble est absolument enthousiasmant !

Stéphane Encel, Géopolitique de la Bible. Relations et représentations au temps des Ecritures, Presses universitaires de France / Humensis, Paris, 2024.

On aime Stéphane Encel, qui poursuit une œuvre absolument unique dans l’érudition juive contemporaine en France. Sa particularité ? Revivifier la lecture biblique, non pas dans le sens habituellement pratiqué par les rabbins, à savoir l’homilétique, ou la valeur d’enseignement éternelle de la Torah quant à la nature humaine, mais, à travers des catégories historiques et politiques, S. Encel parvient à placer l’histoire biblique au cœur de nos préoccupations contemporaines. Ici, la guerre, les représentations que l’on se fait de l’ennemi et des territoires, et de son propre destin. Intemporel, donc terriblement actuel.

David Grossman, Le cœur pensant. Réflexions sur un chaos annoncé, Editions du Seuil, Paris, 2024.

Les textes de ce recueil ont été écrits, certains avant le 7 octobre, d’autres après, mais dans notre conscience ils parlent tous du 7 octobre, tel un trou noir vers lequel tous les événements semblent inexorablement attirés pour s’y engloutir… Dans ce point aveugle de nos consciences, dans notre sidération qui semble nous ôter toute intelligence, toute parole un tant soit peu utile, ou un peu fraternelle, se dresse la voix droite de David Grossman. On y retrouvera, bien sûr, ses options politiques, quoi de plus normal, mais au-delà des tropismes et des notes continues de son œuvre, un esprit vivifiant, inquiet mais frais, atterré mais percutant : un éveilleur de consciences…

Isabelle Choko, Judith Elkàn-Hervé, Ginette Kolinka, Esther Sénot, Les filles de Birkenau (récits recueillis pat David Teboul), les Arènes, Paris 2025.

Exceptionnelle conversation croisée, où chacune raconte son histoire, mais surtout inter-réagit avec les autres, sans complaisance, parfois sans ménagement. Elles interrogent, avec l’aide des autres, leur propre mémoire, convoquent leurs morts et leurs rencontres, leur vie, leur reconstruction, ces bonheurs construits sur le revers de leur cauchemar. A travers leur spontanéité, leur lucidité sans filtre se dressent devant nous quatre géantes, impressionnantes et familières, qui ont traversé le 20ème pour nous demander de ne jamais oublier, de transmettre, mais aussi de VIVRE.

Franck Médioni (Ed.), Le goût de l’humour juif, Mercure de France, 2012, Paris.

Bon, à Pourim, on rit, n’est-ce pas ? Parmi la cohorte de livres consacrés à l’humour juif, ce tout petit ouvrage se signale vraiment par la pertinence de ses choix. Il ne s’agit pas d’ailleurs seulement de « blagues », mais aussi de traits d’humour. Allez, Groucho Marx : « L’alliance ne protège qu’un seul doigt »…

“Bonne lecture ! ”