Lettre ouverte de Judaïsme en Mouvement au gouvernement israélien

« Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark« , a-t-on appris dans Hamlet. Y aurait-il quelque chose de « pourri » dans la politique israélienne ?

Nous, amis de l’État d’Israël, soutiens, sionistes de toujours qui l’avons sans cesse défendu quand il était attaqué militairement ou dénigré si vilement, avons toujours été à ses côtés. Mais aujourd’hui, l’heure est grave devant les projets diviseurs d’annulation du pouvoir des juges. Nous adjurons son gouvernement soutenu par des partis d’ultra droite d’y renoncer. On ne légifère pas sur la séparation des pouvoirs, et sur des modifications en profondeur des droits civils et politiques dans la désunion. La méthode est condamnable, pas le fait qu’il faille éventuellement modifier un certain nombre de dispositions juridiques fondamentales.

Procéder ainsi en dressant une partie du pays contre l’autre encourage la désertion et les forces vives à vouloir émigrer. C’est affaiblir le pays, c’est entamer sa volonté de résistance face à des ennemis qui doivent se pourlécher les babines. C’est d’autant plus désolant que les possibilités de paix avec d’autres pays arabes de la région paraissent proches. Au moment où le monde musulman regarde avec attention l’éventualité d’une entrée de l’Arabie Saoudite dans les Accords d’Abraham, cet enfermement idéologique menace d’être un obstacle à une nouvelle donne pour une ère de paix.

Un premier pas vient d’être franchi en ôtant à la Cour Suprême la capacité de se prononcer sur la raisonnabilité des lois de la Knesset. C’est un acte grave. Qu’est-ce en effet qui ne relève pas de la raison : la Loi de Dieu interprétée par des fondamentalistes. Est ainsi pavée la voie qui pourrait conduire à l’établissement d’une théocratie qui ne dirait pas son nom dans un premier temps mais qui aboutirait à terme à la ruine du pays.

Il ne peut y avoir quelque chose de « pourri » dans la politique israélienne. Formons tous nos vœux pour la constitution urgente d’un gouvernement d’union nationale.

Le Bureau exécutif de Judaïsme En Mouvement