Rencontre Fraternelle: Venez et voyez !

20 septembre 2022

JEM reçoit 45 séminaristes de second cycle du séminaire de Paris, Vendredi 23 Septembre à 17h30 à la synagogue Beaugrenelle. Ce sera l’occasion d’accueillir chabbat en toute fraternité lors d’un office musical avec les rabbins Delphine Horvilleur et Philippe Haddad, suivi d’un grand diner chabbatique. Une célébration inédite pour dialoguer et partager nos approches spirituelles entre juifs et chrétiens. Cette « rencontre fraternelle » est, nous le souhaitons, la première d’une longue série pour s’inscrire sur les voies du partage, de la transmission et construire ensemble une vision d’avenir.

L’idée de cette rencontre est née d’un désir commun entre le Collège des Bernardins et JEM d’élaborer un dialogue concret et intime, puis de réfléchir aussi au nouveau regard que porte l’Église sur le peuple juif. Cette rencontre se déroulera juste avant Roch Hachana, un hasard néanmoins symbolique relevé par le père Arnaud, docteur en théologie et co-directeur du Département de recherche Politique et Religions du Collège des Bernardins : « Cette rencontre est sous le signe du début, de la promesse d’autre chose. La promesse d’un avenir nouveau, dans l’approfondissement de la relation entre juifs et chrétiens. ». Un avenir nouveau déjà bien amorcé car, depuis le concile catholique de Vatican II (1962 – 1965), le regard de l’Église a globalement changé sur le peuple juif et sa tradition religieuse : « Depuis « l’enseignement du mépris », selon la formule de l’historien Jules Isaac, le monde chrétien est passé à « l’enseignement de l’estime » selon le livre éponyme du grand rabbin Jacob Kaplan. Et il suffit de constater tous les actes positifs des hauts dignitaires de l’épiscopat jusqu’aux papes eux-mêmes pour se rendre compte des avancées significatives de ce retournement. » rappelle le rabbin Philippe Haddad qui mènera la rencontre à la synagogue Beaugrenelle. « La nation déicide », « le peuple perfide », « la synagogue aux yeux voilés », « le juif errant », toutes ces formules véhiculées pendant des millénaires par le catéchisme officiel ont laissé la place à d’autres beaucoup plus encourageantes. Le père Arnaud l’affirme : « pour les chrétiens, les juifs sont nos frères aînés. Nous sommes de la même famille. Cette origine est importante. La question portée est de connaître notre mission commune dans le monde. »

Le juif Jésus

Le rabbin Philippe Haddad nous rappelle que dans la logique de la foi chrétienne, l’incarnation du Père ne se fit par une matrice païenne, grecque, romaine ou égyptienne, mais au sein du peuple judéen, à travers une fille d’Israël, nommée Myriam qui devint Marie, la sainte Vierge. Cette découverte, qui en étonne encore certains, a bousculé tous les préjugés sur le rejet du peuple juif par la divine providence (hormis bien sûr les mouvances traditionalistes). Israël, malgré son refus au message évangélique, jouerait donc un rôle positif dans l’économie messianique ? Quel rôle alors pour la théologie chrétienne ? On connaît peut-être la thèse de Paul : le refus d’Israël a permis la conversion des païens au christianisme, ou à Jésus, ou au Père lui-même. Mais le chrétien lambda est-il au fait de toutes les subtiles réflexions pauliniennes, pour lesquelles des théologiens de haut niveau consacrent des années d’étude ? A nos yeux il se passe quelque chose de plus simple, et sans doute de plus grand : une écoute de la foi d’Israël, de la liturgie d’Israël, de la Torah d’Israël, sans que cela remette en cause la foi en Jésus et en son message. Et il y aurait même plus : la résistance d’Israël obligerait le monde chrétien à revenir aux racines juives de sa propre foi. Si la thèse de Paul ne fut jamais rendue caduque, elle semble glisser devant cette bonne nouvelle d’une fraternité hier occultée et aujourd’hui retrouvée. Alléluia !

Une rencontre d’exception entre fraternité et célébration

L’événement du vendredi 23 septembre ne sera pas anodin car il s’agit des futurs prêtres de paroisses françaises et certains accéderont peut-être à de hautes fonctions dans l’Église. Nous devons donc mesurer cette rencontre dans toute son authenticité. Philippe Haddad ajoute : « Toute rencontre en vérité reste surprenante car elle ne laisse présager de rien à l’avance. Quelle part de notre judaïsme sera reçu par ce public chrétien, mais aussi qu’elle part de christianisme recevrons nous ? Il ne s’agit point de syncrétisme bien sûr ou de prosélytisme, mais bien d’une fraternité qui se construit pour que le Je et le Tu (selon Martin Buber) soit une rencontre de visage à visage. »

 

Propos du Père Arnaud et du Rabbin Philippe Haddad

 

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