Pessa’h 5785 : Edito rabbinique

3 avril 2025
Nous nous apprêtons à célébrer Pessah, la « fête du temps de notre liberté ». Chaque année, elle nous donne et redonne la possibilité de nous interroger sur le sens que l’on accorde à cette valeur, à ce principe.

Mais cette année encore, alors que nous nous retrouverons autour de la table du Seder, des otages israéliens seront toujours retenus dans la bande de Gaza. Leur captivité nous rappelle que la liberté n’est pas un concept abstrait, un sujet de réflexion en parcourant la Haggada, mais qu’elle se doit d’être l’objet de notre engagement au quotidien.

Au fil des siècles, Pessa’h ne s’est jamais vécu de la même manière. La fête a toujours été le miroir des préoccupations de notre peuple et ce, des temps les plus reculés jusqu’aux rivages de notre époque, des moments de prospérité jusqu’à ceux de grand danger.

Dans la Haggada, nous trouvons l’idée selon laquelle chacun doit se considérer comme étant lui-même sorti d’Egypte. En effet, il s’agit de s’approprier l’histoire de nos ancêtres, de considérer que dans l’histoire juive, les générations sont toujours contemporaines les unes des autres.

Cependant, n’y a-t-il pas parfois quelque chose d’indécent à vouloir s’approprier les souffrances d’autrui, fussent-elles celles de nos ancêtres. Dire que l’on est sorti d’Egypte quand on n’a jamais vécu ailleurs que dans un pays libre, prospère et démocratique, n’est-ce pas manquer de respect à ceux qui ont vraiment connu dans leur chair les persécutions et la domination ?

Une chose est sûre néanmoins, c’est le fait que Pessa’h nous oblige. Fêter la liberté ne doit pas être la commémoration d’une libération lointaine mais une invitation à l’action pour qu’aujourd’hui ne demeure plus aucune poche de servitude et pour que maintenant soient libérés tous les captifs.

Rabbin Jonas Jacquelin