Robert Badinter entre au Panthéon

Ce jeudi 9 octobre, la République honore l’une de ses plus hautes figures en accueillant Robert Badinter au Panthéon. Un honneur exceptionnel, une reconnaissance nationale seront rendus à celui qui fut bien plus qu’un ministre de la Justice : il fut la Justice même.Tsedek Tseek Tirdof (Justice, justice, tu poursuivras avec acharnement, Deutéronome 16,20) avait-il fait figurer au début de son livre sur ses années au pouvoir Des épines et des roses (Éditions Fayard).

Pourtant, ce matin, sa tombe a été profanée au cimetière de Bagneux, des tags insultant ses engagements contre la peine de mort et pour la dépénalisation de l’homosexualité souillant sa sépulture quelques heures seulement avant la cérémonie. Une insulte barbare à la mémoire d’un homme qui consacra toute sa vie à la paix, à la justice, et aux droits humains. Ces actes lâches ne terniront jamais l’éclat de son héritage.

Robert Badinter était un Mensch dans toute la splendeur de ce terme. Un homme qui porta, toute sa vie durant, un combat acharné pour la dignité humaine. Il croyait en la rédemption, en la possibilité de s’amender et de recommencer à vivre.

En abolissant la peine de mort en 1981, il a fait franchir à la France un seuil moral. En défendant inlassablement les droits fondamentaux, en  dépénalisant l’homosexualité, en luttant contre toutes les formes de discrimination, il a permis à notre société d’évoluer, vers plus d’humanité, plus de liberté, plus de dignité.

Membre éminent de notre communauté, Robert Badinter en incarnait les valeurs les plus essentielles. Profondément attaché à Israël, nourri par la pensée juive, il traduisit dans l’espace public français ce que le judaïsme porte de plus universel : le respect absolu de la vie, la centralité de la justice, la croyance en la possibilité du pardon. Il fut une lumière pour notre République, un modèle pour notre communauté, une conscience pour l’humanité.

Aujourd’hui, en ce jour où certains ont voulu salir sa mémoire, nous réaffirmons notre fierté autant juive que française de le compter parmi les nôtres. Nous célébrons son entrée au Panthéon comme une victoire de la lumière sur l’obscurité, de l’humanisme sur la haine, de la justice sur la barbarie. Et nous pensons également à Élisabeth Badinter, qui partagea sa vie et ses combats, et à qui nous adressons notre affection et notre soutien.

Que sa mémoire soit une bénédiction pour les générations à venir.
Zichrono livracha. 

Jean-François Bensahel
Président de JEM