Tous contre l’antisémitisme

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«  On pourrait se dire que l’antisémitisme on en parle depuis des années, j’ai l’impression que la solitude des juifs de France on peut presque la dater. Je pourrais donner des dates historiques ou de ma biographie personnelle, des moments dont je me souviens qui ont été des moments de réveil, des moments de drame, des moments de tragédie. Et puis j’ai l’impression qu’on est passé à un autre niveau, moi je suis entourée de gens qui se posent des questions sur leur sécurité, sur la sécurité de leurs enfants, à qui l’on indique qu’ils devraient peut-être changer leur nom sur leur boîte aux lettres, qui changent de chemin pour emmener leurs enfants à l’école, qui se cachent, qui entrent dans une forme de discrétion particulière. Je ressens beaucoup de gens autour de moi qui se sentent obligés, aussi ouverts soient-ils, intégrés, Français, citoyens, des gens comme tout le monde, qui sont poussés dans une forme de ghettoïsation. Des gens qui sont tout à coup ramenés à des fantômes de leur histoire.

Moi, à titre personnel j’ai l’impression que les fantômes de mon histoire familiale me rattrapent, des mises en garde, la peur que ça recommence et puis un sentiment de solitude avec un questionnement sur: pourquoi tout le monde ne se sent pas concerné ? L’antisémitisme concerne tout le monde. La violence contre les juifs est toujours et en toutes circonstances un prélude à une violence qui va s’abattre contre toute le monde. C’est toujours une répétition générale d’une tragédie qui va tous et toutes nous toucher. On a l’impression que quand elle frappe les juifs il y a une forme d’indifférence, de mise à distance des gens qui considèrent que peut-être ce n’est pas vraiment leur problème. » 

Dimanche 12 Novembre à 15h devant l’Assemblée Nationale, nous vous attendons nombreux pour participer à la grande marche de lutte contre l’antisémitisme. Ce jour là, chacun doit venir avec un ami non-juif car c’est un mouvement citoyen qui répond à un appel républicain contre l’antisémitisme. Soyons tous unis contre la haine !

Il y a ces dates terribles :

2006 l’assassinat d’Ilan Halimi. Je me revois dans cette manifestation organisée, regarder autour de moi et me rendre compte qu’il y a que des juifs, ou presque, que ça ne semble pas mobiliser beaucoup de gens.

Et puis il y a 2012, un choc absolu, des enfants juifs assassinés dans une école, en France. On est complètement dévasté et à ce moment là il n’y a pas de manifestation en France alors l’indicible, l’innommable se produit. 

Et puis il à d’autres dates, 2015 évidemment, Charlie Hebdo et l’Hypercacher et des millions de gens dans la rue, mais, une petite voix dans la tête des juifs, qu’ils ne peuvent pas verbaliser, encore un indicible, qui consiste à se dire que s’il n’y avait eu que l’Hypercacher il n’y aurait eu personne dans les rues. On le sait puisqu’il n’y a pas eu de manifestation en 2012.

Et la petite rengaine antisémite qui continue et qui surgit parfois dans des lieux où on ne l’attend pas, par exemple dans les années 2021-2022, où des remarques antisémites surgissent en marge des manifestations.

Et puis tout à coup la séquence 2023, avec cette montée en puissance et une nazification du discours. (…) Aujourd’hui c’est précisément en nazifiant les juifs qu’on cherche à les attaquer.