Chavouot : l’édito rabbinique
La fête de Chavouot ou fête des semaines conclut la fête de Pessa’h. Pour la Torah la liberté ne signifie pas être livré à soi-même, à ses ressentis, à ses émotions, mais accepter la Loi qui nous libère de nos aliénations…
Durant ces 7 semaines, nous avons lu et médité les Pirkey Avoth, Traité des Pères, qui constitue notre livre d’éthique juive, nous invitant en particulier à soigner notre relation à autrui, car comment recevoir la Torah, comment espérer faire résider Dieu au milieu des hommes, si les hommes ne pacifient pas leurs relations.
Les Midot avant les Mitsvot, les vertus avant le rituel, sinon les mitsvot seraient dénaturées par nos propres hypocrisies.
Les Kabbalistes en comptant chaque soir le ômer, nomme une vertu particulière de l’arbre séfirotique. Il s’agit moins de mystique que d’énoncer le nom d’une valeur fondatrice, par exemple : bonté de bonté (quand la générosité déborde) ou rigueur de bonté (quand la générosité doit montrer un visage plus dur comme de bons parents qui froncent les yeux devant les enfants) ou bonté de rigueur (quand la rigueur d’un jugement est capable de s’adoucir devant certaines situations).
Ton frère vivra avec toi
Dans une société où l’anonymat ou le rendement, mais où aussi la violence, s’insèrent dans notre quotidienneté, la vertu reste notre ultime salut, plus que la religion qui peut déborder sur le repli, sur le mépris, sur le déni. Accepter la Torah en 2021, cela ne signifie pas, plus manger cacher, plus prier, plus ritualiser, cela signifie circonscrire la Religion (quelle que soit son expression) dans ce cadre moral qui pose « ton frère vivra avec toi » (Lv 25, 36).
Judaïsme En Mouvement propose par sa philosophie communautaire un cadre d’accueil, qui permettra à chacune et chacun de trouver sa place dans la grande famille d’Israël. Quelle que soit notre approche identitaire, il existe une place autant pour recevoir des autres que pour donner aux autres. Que cette fête du « don de notre Torah« , soit vraiment « Notre Torah« , parce que nous aurions fait triompher un « Nous » fraternel….
Hag Sameah !
Rabbin Philippe Haddad